Trop vrai. Quand j'ai vu un ancien ami plutôt de gauche et féministe (qui insiste qu'il l'est toujours) embarquer dans le fearmongering contre les Musulmans après l'attentat à Paris et régurgiter des conneries de Marine Le Pen, oh et aussi me parler du "black on black crime" (tout en insistant que non, il n'écoute pas la télé et surtout pas Fox News... hmmmmmm bizarre qu'il répète leur exact talking point hein) et nier que le white privilege existe... 🤦♀️ C'est très, très navrant.
Attention, attention, pavé
incoming !
Je me fais la réflexion que beaucoup de gens n'ont, en réalité, aucune fondation réelle solide sous leurs croyances politiques. D'ailleurs, on parle bien de croyances à ce stade, plutôt que de conviction ou d'idéologie. Le genre de personnes que toi et d'autres décrivez, ce ne sont pas des gens de gauche au sens où ils croient fondamentalement, philosophiquement à l'harmonie collective, à l'équité ou au progrès social. Ce sont des gens de gauche parce que, 95% du temps, ils n'ont pas une haine particulière de l'autre à partir du moment où on ne leur envoie pas un discours publique de méfiance et de haine. En vrai, à part les gens qui vivent dans des zones particulièrement défavorisées, donc plus enclines à la violence, habitées en bonne partie par une population non-blanche, et mal équipées pour éduquer et intégrer, qui se fait emmerder par des arabes qui vivent leur vie ? Personne. Et on va pas se mentir : beaucoup n'interagissent que très ponctuellement avec des non-blancs (j'aime pas trop l'expression "personne de couleur", mais en fait je sais pas ce qui est le plus acceptable, n'hésitez pas à me corriger). Mais si on commence à te répéter constamment que "les musulmans ceci, les musulmans cela", c'est ce discours publique qui va commencer à remplir le vide de ton imagination laissé par le manque d'interactions avec des communautés diverses.
Bon, le but c'est pas de dire "moi j'ai tout compris à la théorie politique", ce serait faux. J'y connais quasiment rien lol, et puis je suis un ex-centriste qui n'aime/aimait pas trop réfléchir à ces sujets. Ce que je décris, ça aurait pu être moi. Dans mon environnement de travail (où je côtoie plusieurs boîtes), il n'y a quasiment aucun Noir, pas d'Arabes - putain, je sais même plus, c'est encore acceptable d'utiliser le terme "Arabe" ? Je sers à rien, parfois -, 2 ou 3 Asiatiques, et tout le reste c'est des blancs becs comme moi.
Détail dont je me suis rendu compte cela dit : l'accueil du bâtiment où se trouve ma boîte a vu pas mal d'hôte(sse)s se succéder au fil des ans. Et évidemment, presque tous étaient soit Noirs, soit Arabes. Il a dû y avoir 2 Blancs à tout casser, qui ont dû rester à peu près 2 semaines chacun(e). C'est un peu comme au supermarché à côté de chez moi : la majeure partie de la clientèle est blanche, mais comme par hasard, 9 hôte(sse)s de caisse sur 10 sont non-blanc(he)s. Pour revenir au sujet de base, en tant qu'observateur blanc lambda, je me dis qu'il y a 3 scénarios possibles :
1. Soit je ne m'en rends même pas compte, trop centré sur ma vie
2. Soit je le vois, et je me dis, "bah, c'est comme ça" ou "c'est une coincidence"
3. Soit je le vois, et je me dis "euh, y a pas un problème systémique, là ?"
(4. Soit je le vois, mais comme je suis un gros raciste de base, je me dis "ils nous volent notre travail" et/ou "c'est tout ce qu'ils sont bons à faire")
Partant de là, qui va penser 1, qui va penser 2, et qui va penser 3 (le 4, on sait très bien qui, hein) ? Je suis quasiment sûr que la plupart des gens, même ceux qui se disent à gauche, pensent à 1 ou 2, mais pas 3. Et à mon avis, c'est par absence de réflexion de fond ou d'éducation. Le numéro 2, en particulier, est une croyance impossible quand on y réfléchit. Si on réfléchit deux secondes aux implications, "c'est comme ça" doit nécessairement se transformer soit en "le système a un problème" (gauche), soit "mais quelque part, c'est parce que ça leur convient/c'est leur inclination naturelle" (argument de la responsabilité individuelle ou essentialiste de droite). Si t'as aucun fondement philsophique, aucune réflexion de fond, finalement, tu as autant de chance de tomber d'un côté que de l'autre. Ca dépend juste des idées auxquelles tu es exposées le plus régulièrement, et ce qui donne la réponse la plus séduisante à tes propres problèmes. Il faut dire que la plupart d'entre nous, moi compris, sont un peu faignants intellectuellement, surtout quand on bosse à temps plein 5 jours par semaine et qu'on veut juste se détendre en fin de journée avant de dodo...